IMPRESSIONS

Critique de Gilles Costaz parue dans Politis. Pour la lire, il suffit de cliquer sur l'image.



Traduction de l’article paru dans la newsletter de l’ambassade de Roumanie, en octobre 2009

Le Théâtre de l’Orme, à Paris, présente le spectacle « Dans le Noir », pièce écrite et mise en scène par le jeune dramaturge d’origine roumaine, Georges Ghika, ayant dans sa distribution quatre jeunes acteurs français dont une partie formés au Théâtre de l’Orme : Iris Carpentier, Véronique Garin, Roman Girelli et Gowen Pottiez. Une analyse fine, moderne, universelle, des sentiments et des comportements, un texte intelligent et lumineux, « Dans le Noir » présente les retrouvailles, dans une salle de cinéma, d’Aurélien, réalisateur, avec Julie, une critique, qui découvre que le film auquel elle assiste raconte son histoire d’amour avec le jeune cinéaste.
Dans cette œuvre, « le passé, le présent et la réalité se mélangent, tout est concentré sur les sensations et les souvenirs des personnages, la scène est centrée sur une dimension érotique, un érotisme de nature philosophique » comme le déclare l’auteur lui-même.

Emanuela Moraru



En visionnant les photos publiées, je ne peux m'empêcher de me remémorer le chemin que nous avons parcouru. Ce blog retracera, je l'espère, les merveilleux moments que nous sommes sur le point de vivre ; mais la véritable aventure a cependant commencé il y a des mois. Des premières lectures du mois de janvier aux répétitions du mois d'août, chacun est passé par des périodes de doutes mais aussi de confiance ; chacun a ressentit les tiraillements électriques du trac mais également le bonheur de se produire sur scène...

Ce que je retiens de cette expérience jusqu'ici (car évidemment elle ne fait que commencer) c'est le chemin émotionnel que j'ai pu parcourir. Un chemin tortueux! qui passait par des pics de bonheurs (pour citer Georges Ghika) et des gouffres paralysants. Se produire lors du festival du théâtre de l'Orme en juillet dernier s'est présenté comme un défi mais s'est transformé en récompense.

En septembre, nous monterons à nouveau sur scène. Nous travaillons en ce moment à nous améliorer et à dépasser les performances précédentes. Ce faisant, les variations émotionnelles reviennent, certaines difficultés resurgissent mais je m'en délecte. Sans elles, il n'y a pas d'amélioration.

Iris Carpentier

Impressions de spectateurs

Sur billetreduc :

Lumineux ! - 10/10
Il y avait "Un tramway nommé désir", il y a maintenant "Dans le noir" ! Une analyse fine, moderne et universelle des sentiments et des comportements. Un texte vif et intelligent. Une mise en scène sobre et efficace. Des personnages attachants interprètés par des comédiens brillants et pleins de talents. Une pièce à jouer et à rejouer ... Bravo !

Très bon spectacle - 8/10
Je suis allée voir cette pièce hier, et je dois dire que j'ai été agréablement surprise, notamment par la mise en scène et le choix des musiques. Les acteurs eux aussi on su me convaincre sur un texte difficile car il y a beaucoup de monologues. Dans le noir raconte la vie de 2 anciens amants qui se sont perdus de vue. Elle se retrouve dans une salle de cinéma, elle est critique. Lui, a réalisé le film. Il la voit. Elle ne le voit pas. Et là sur l'écran...

Je ne suis sûrement pas une aussi bonne critique que Véronique Garin mais je ne peux que vous conseiller d'aller voir ce spectacle avant que ce ne soit trop tard. La mise en scène s'adapte parfaitement au lieu. Les textes mélangent humour, lyrisme et poésie. Les acteurs interprètent leur rôle avec beaucoup de tendresse, de passion et même un certain érotisme... La confusion des rôles nous entraîne dans cette salle obscure où l'on se sent spectateur dans tous les sens du terme. Un grand bravo à ces artistes qui nous font partager un grand moment de bonheur et félicitations à l'auteur et metteur en scène qui, à travers la fiction, nous ramène à notre propre réalité.

Reçues par mail :

Bonjour Georges,
J'ai aimé cette histoire de manipulation et de (dé)possession. Car c'est surtout de cela dont il s'agit, me semble-t-il. Posséder l'autre, le vider de sa substance pour mieux l'investir et avec d'autant plus d'urgence qu'on ne se possède pas réellement soi-même, qu'on n'a pas de "soi" propre mais des projections, des fantasmes et donc une incapacité à s'incarner réellement. J'ai été un peu gênée par l'inversion des rôles mais en y réfléchissant, j'ai pensé que c'était justement une manière d'illustrer cette absence d'identité réelle, cette malédiction du dédoublement du "je me regarde vivre au lieu de vivre vraiment".J'ai aimé qu'en croyant prendre Julie dans ses filets Aurélien au contraire la libère, lève, en se dévoilant, le sortilège qui l'entravait encore. Les acteurs sont formidables et le texte riche. Bravo.
Je t'embrasse
Carole Zalberg
Romancière et dramaturge


Salut Georges,

Bravo pour ta pièce, j'étais très content de te voir content hier après ta pièce. C'était vraiment chouette de voir l'accomplissement de ton travail, qui en plus est de très bonne qualité.

Ton analyse des relations étaient très fines, et les textes très justes. Je n'ai pas compris pourquoi à un moment l'acteur du film et le réalisateur du film changeaient de rôle mais ce n'est pas vraiment important.

Hans Kourimsky

Georges,

Je voudrais te faire part des réflexions qui me sont venues à l'écoute de ta pièce.
Et d'abord je la trouve d'une grande justesse de ton et de formulation quant à la psychologie de tes personnages. Mais au delà de cette intersubjectivité très contemporaine, j'y ai perçu un fond de métaphysique dont j'aimerais bavarder.
La notion d'épiphanie en premer lieu. Elle a été récupérée par la Tradition judéochrétenne pour signifier l'apparition du Christ à ses disciples mais c'est dans son sens premier, grecque, que je crois que tu l'utilises. L'épiphanie est en effet un concept qui à lui seul dit ce que la pensée grecque a en propre: l'épiphanie dit l'avènement dans la présence de l'étant, le dévoilement du monde dans la visibilité, dans la clairière de l'être dit Heidegger, elle dit ce qui advient : le réel, et l'étonnement conséquent devant un tel avènement. Etonnement qui marque la naissance de la philosophie, de la pensée grecque précisément. Pensée qui sera bientôt déformée parceque latinisée, mais pour l'heure, dans ta pièce, l'épiphanie est encore l'autre mot pour dire la vérité : l'alétéïa. La Vérité chez les grecs se donne comme dévoilement, découvrement de ce qui advient à la présence : l'étant, c'est à dire les choses, ce qui est, mais aussi retrait simultané de l'Etre comme être. Un peu comme la Lumière qui rend possible la visibilité des choes, mais qui en elle même n'est pas visible, qui se retire dans ce qu'elle montre. Ce n'est sans doute pas un hasard si cette notion d'épiphanie émerge en la pensée-éclair de ton personnage comme au sortir d'un sommeil dans lequel elle a été sublimement formulée, mais que ton personnage se vtrouve incapable de restituer à l'état de veille. A peine pensé le raisonnement, déjà perdu pour et dans les mots qui n'en trouvent plus la logique. Je trouve ça très bien vu de ta part. Et puis ce concept : épiphania, qui dit la vertu apophantique des images, leur capacité à faire voir, Aristote l'utiise pour le langage : le langage fait être ce qu'il nomme. Tout comme la mise en scène, épiphanie, mise en lumière - noire - , mise en espace, - et film - de ce qui se trame à l'intérieur des êtres. Ce mot dit superbement ta pièce.

Je suis moins convaincu par cette trinité qui structure le corps de ton récit : 1 l'Universel, 2 le conflit, 3 l'équilibre. Nous sommes entrés en Chrétienté, ou plus exactement post-chétienté, et cela me gène, moi le grecophile. cela dit, s'il nous faut comprendre comme tu le laisses entendre que l'Universel est à la fin, non pas l'équilibre advenu, mais la solitude première dabord revendiquée puis reçue comme une condamnation, alors je te suis : l'Universel c'est la solitude d'un connard incapable de don, une machine célébataire infertile. L'Homme blanc, comme le pense Jean Genet.

J'ai passé une excellente soirée.
Encore bravo.

bonjour,
un commentaire personnel ( et absolument pas "éclairé") le lendemain de la pièce:
histoire interressante ( ...mais il est vrai j'ai toujours du mal à entrer dans ces spectacles "intimistes"))
j'ai surtout été séduit par cet aller-retour film et réalité ( particulierement adapté à ce théatre me semble t-il)
ainsi que par le naturel du jeu de la fille du film
à +
Pascal Debain
Dom.